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Romans de Lise Marcy
23 mai 2019

Marie Choose her destiny : Rencontre Choix 2

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RENCONTRE Choix 2

 

J’ai hâte de retrouver ma sœur. Elle se marie ce week-end. Partager ce moment riche en émotions sera génial. Et puis, qui sait, peut-être que le témoin de Max sera canon. Arrête de rêver ma vieille, à tous les coups, le mec, il sera moche et petit. Bref, pas du tout mon style.

Elle habite à Montpellier, moi à Enghien, en banlieue parisienne. Ma sœur et moi ne nous sommes pas vues depuis les vacances de Noël, bien que, approche du mariage oblige, nous avons régulièrement communiquées via Facetime.

Cette matinée printanière est agréable. Je bénéficie du pont de l’ascension. Ainsi, je peux partir aujourd’hui mercredi 29 mai et les aider au mieux dans les derniers préparatifs.

Je me dépêche pour ne pas manquer mon train à la gare de Lyon.

Je me dépêche pour ne pas être en retard. J’habite en face de la gare. Je connais les horaires de passage du train par cœur et je suis toujours un peu en avance sur le quai. Aujourd’hui est un jour spécial. Je suis stressée. J’ai pris plus de temps que d’habitude. Lorsque j’arrive sur le quai, le train est déjà là. Ouf…  

 

À Montpellier, il n’y a pas photo, les gens sont beaucoup moins speed et prennent vraiment le temps de vivre. Enfin, impossible de muter là-bas avant dix ou quinze ans.

Je m’installe, direction gare du nord. Puis RER D. Je prends le TGV à 10h25 et il est déjà 9h40. Si je rate le RER, je raterai à coup sûr mon train. Pas de panique, Marie. Tu portes bien ton prénom, non ? Allez, on croit au miracle. Enfin, nous arrivons. Je cours dans l’Escalator. Deux minutes plus tard, j’arrive à quai. Le RER est à l’approche. Ouf.

À 10h17, je descends à gare de Lyon. Direction les trains grandes lignes. Je bouscule un mec. Mince. Il fait tomber un attaché-case en cuir, qui s’ouvre. Un tas de dossiers et feuilles s’éparpillent sur le sol.

Je m’excuse et m’en vais.

— Désolée.

Je le laisse donc se dépatouiller et file. À 10h21, je m’installe enfin sur mon siège, après avoir déposé ma valise dans l’espace prévu à cet effet. Je peux souffler. Merci Marie. Il n’y a personne à côté de moi, cool. Le wagon est blindé pourtant. J’ai vraiment de la chance.

Je sors un paquet de copies de mon sac. Un des derniers avant la fin de l’année.

J’ai une pensée pour le mec que j’ai bousculée. Je ne sais même pas à quoi il ressemble. Le train ferme les portes et nous partons.

— Il fallait que je sois placé à côté d’une folle !

Je me rends compte que c’est de moi qu’on parle en levant la tête. Un homme en colère m’observe.

— Pardon ? demandé-je incrédule.

— Oui, je le répète, une folle !

Il croise les bras.

Je suis en colère.

— On ne se connaît pas monsieur, bredouillé-je gênée.

Pourquoi cet homme me parle-t-il ainsi ?

— Vous m’insultez et c’est moi la folle ?

— Parce qu’en plus, vous ne me reconnaissez pas ?

— Je le devrais ?

— Oui !

— Ah bon ?

Je dois calmer le jeu, tout le monde nous observe. J’en déduis que c’est mon voisin de siège. Le trajet risque d’être long. On ne perd surtout pas son calme dans ce genre de situations.

— Vous pourriez vous asseoir et m’expliquer ? J’ai horreur de me donner en spectacle.

— Vraiment ? Il fallait y penser avant de me bousculer !

Il a haussé le ton. Pour sûr, tout le wagon l’a entendu. Je deviens rouge pivoine, en réalisant de qui il s’agit.

Je suis vraiment de mauvaise foi. J’en rigole intérieurement.

— Je me suis tout de même excusée, souris-je dans le but de l’apaiser.

— Et pour vous cela suffit ?

— J’avais peur de louper mon train. D’habitude... commencé-je à me défendre.

Il m’interrompt.

— Trop facile. Et à cause de vous, j’ai failli manquer le mien.

La moutarde me monte au nez. Ce mec est vraiment désagréable.

— Ça vous arrive de ne pas couper la parole des autres ? rugis-je.

— Ça vous arrive d’être aimable avec les autres ? répond-il.

Je me rends compte du ridicule de la situation.

Je suis butée.

— Vous vous prenez la tête pour rien. Vous ne l’avez pas raté votre train. La preuve, vous m’enquiquinez depuis cinq minutes déjà…

Il est effaré.

Oui. Et puis, on ne répond pas à une question par une autre, c’est impoli ! dis-je fièrement.

— Dixit celle qui culbute les gens et ne s’excuse même pas !

Il se donne toujours en spectacle.

Il fallait que ce type soit dans mon train. Pire encore, à côté de moi !

— Et si vous commenciez par vous asseoir ?

Ses yeux brillent de malice. Il est amusé aussi par ces circonstances cocasses.

— Je dois vous avouer que...

— Allez ! Promis, je m’excuserai après de ne pas vous avoir aidé.

Ma petite moue a raison de lui.

— Ok.

Il s’installe.

Il aperçoit mes copies et ajoute :

— Une prof ? Pas étonnant que les jeunes sont si impolis maintenant.

Je crois qu’il me cherche vraiment. On ne touche pas à mon boulot, sinon je mords.

— Vous êtes sérieux, là ?

— Bon, c’est vrai que c’est un peu cliché.

Je souris, lui aussi. Il dévoile de belles dents blanches. Je l’observe enfin vraiment. Il est pas mal du tout... Grand brun aux yeux verts, baraqué, chemise en cuir, pantalon jean, polo.

— Je suis terriblement désolée. Je ne suis pas ainsi d’habitude.

— J’ai du mal à vous croire.

— C’est juste que je suis attendue. Je ne voulais vraiment pas manquer mon train.

— Vous ne vous êtes pas dit que moi-aussi, je pouvais être attendu ?

— Je n’y ai pas songé.

— Enfin.

— Et si je vous payais un verre pour me faire pardonner ?

— J’en dis que c’est une excellente idée. Et le moins que vous puissiez faire !

Prends ça dans tes dents !

— On ne se connaît pas, c’est tout de même sympa de ma part. Appréciez mon geste au lieu de le mépriser ! râlé-je.

Il sourit.

— Surtout que je vais jusqu’à Montpellier.

— Ah, vous aussi ? soupiré-je.

Zut, je me rends compte trop tard du ton employé.

— Euhhhh dites-le, si je vous emmerde surtout ! me lance-t-il vexé.

— Non. J’étais juste surprise. Aucun souci pour moi. Au fait, je m’appelle Marie, me présenté-je afin de détendre définitivement l’atmosphère.

— Thibault.

— Enchantée Thibault. On va le boire, ce verre ?

— Je vous suis.

Il se lève et quitte sa place. Je range mes copies dans mon sac et sors à mon tour. Les gens nous regardent avec un sourire en coin.

Je prends les devants et nous voilà marchant vers le wagon restaurant. Je sens qu’il me mate, même si je ne le vois pas. Ma robe semble soudain trop courte.

Je me dandine fière d’avoir opté pour des collants qui accentuent mes jambes fines.

— Tu es quand même bien foutu !

Il n’a donc pas loupé mon déhanché.

Je ne relève pas.

Je n’aime pas l’alcool. Je suis plutôt soda.

— Un jus de pomme, s’il vous plaît Monsieur.

— Pareil, s’il vous plaît.

Nous nous installons au bar. Thibault me fixe un moment.

— Je peux savoir pourquoi tu m’observes comme ça ?

— On peut dire que toi, tu es…

— Folle ?

— Non, plutôt directe.

Je souris. Ouf. Il ne me trouve donc plus folle. Je constate aussi qu’Il est passé au tutoiement.

— Je suis pardonnée, alors ?

Le serveur nous serre. Nous le remercions.

J’hésite encore.

— Tous tes papiers qui sont tombés, j’espère ne rien avoir abimé ?

— Non. Il me faudra les remettre en ordre, tout simplement.

— Pour le boulot ?

— Oui.

— Tu bosses dans quoi ?

— Je suis architecte.

— Oh. Tu dois bien dessiner ? m’extasié-je.

— Elémentaire, mon cher Watson.

— Tu te fous de moi ?

— Un peu oui. Tu dois aimer bosser avec les enfants ? poursuit-il, histoire d’enfoncer le clou.

— Je suis blonde, que veux-tu ?

— Une très belle blonde.

Comment ne pas rougir ?

— Oh enfin, un compliment !

— Je sais en faire, quand on est sympa avec moi.

— Tu vas seul à Montpellier ?

— En gros, tu veux savoir si je suis en couple ?

Je n’y avais même pas pensé.

Je n’avais pas vu les choses ainsi. Enfin, il est pas mal. Autant le savoir…

— Euhhhh, non. C’est juste pour alimenter la conversation.

— Ah ok.

Il hésite quelques secondes et continue.

— Oui, mon mec m’attend là-bas. Il viendra me chercher à la gare.

Je manque m’étouffer.

— Ça va ?

Je me reprends immédiatement.

— Oui, oui. D’accord.

Il faut avouer que je suis déçue. Il était trop beau pour être célibataire de toute façon. Quel gâchis pour nous !

— Et toi ?

Autant être honnête aussi.

— Eh bien, pas de petit ou petite amie qui m’attend. Je vais voir ma sœur.

Je ne lui parle pas du mariage après tout cela ne le regarde pas.

Il sourit.

— Etonnant, tu es quand même pas mal du tout.

— Mouais.

— Quoi ?

— Rien.

Le mec, il aime les hommes. Je ne suis clairement pas son type. C’est quoi ces réflexions, du coup ?

— Ça fait longtemps que vous êtes ensemble ? osé-je.

— Curieuse. Quelques années, oui.

— Et...

Je me tortille dans ma chaise.

— Tu veux savoir si je l’ai toujours su et bla bla bla...

Je rougis de honte.

— La réponse est oui. Mes parents ne l’acceptent pas. Nous vivons à 800km l’un de l’autre. Pour l’instant, ça nous convient.

— D’accord.

On ne voit pas le temps passer. Je suis tellement déçue d’arriver bientôt. Pourquoi ? Tu n’as aucune chance de toute façon.

Je ne l’ai quitté que quelques minutes pour aller aux toilettes.

— On arrive dans moins d’une demi-heure. Tu n’auras pas corrigé ton paquet.

J’observe mes copies que j’avais ressorties en retournant à ma place.

— Tant pis. Le temps est passé bien plus vite !

— Mes dossiers aussi ne sont toujours pas classés.

Je grimace, me rappelant que cela est ma faute.

Je soulève les épaules avec un sourire penaud, en guise d’excuse.

— Ne t’inquiète pas, je trouverai un peu de temps pour m’en occuper pendant ce long week-end.

— Je l’espère.

— Tu ne bosses pas le mercredi ?

— Non.

— Instit ?

— Non, prof d’anglais.

— Ah oui, cool alors. Je me déplace souvent à Londres pour le boulot. J’aime bien la langue.

— Moi aussi.

— Tu enseignes à Paris ?

— Non, à Enghien.

— C’est marrant, j’habite à côté.

— Ah bon ?

— Oui à la Barre Ormesson. Je suis en face de la gare.

— Une belle coïncidence, en effet. Moi je vis en face de celle d’Enghien.

Nous rigolons.

— On était destiné à se rencontrer.

— Dommage que tu sois déjà en couple, hein !

Et puis, combien même il ne l’avait pas été, ça n’aurait rien changé.

Il sourit, un peu moqueur. Forcément, il s’en fiche.

Je retrouve contenance.

Le train arrive à destination. Nous voilà à la gare Saint Roch. Mon futur beau-frère est censé me récupérer moi et son témoin, apparemment célibataire et hétéro. Avec un peu de chance, il sera sympa aussi. J’oublierai rapidement Thibault. Je suis vraiment dégoûtée. Il me plaisait vraiment !

— Nos chemins vont se séparer ici.

Coïncidence, coïncidence, hein ? Mais purée, pourquoi n’est-il pas célibataire et hétérosexuel ?

— Oui. Je te souhaite un bon séjour.

— Toi aussi.

Il m’aide à porter ma valise. Nous sortons du train. Nous marchons côte à côte. On dirait des condamnés qui marchent vers l’échafaud. Nos chemins vont en effet bientôt se séparer. Sans doute pour toujours. Je suis tellement triste. Bizarrement, je ressens la même déception de son côté. Je connais Thibault depuis à peine plus de trois heures et pourtant, j’imagine que tous les deux, nous aurions pu... S’il n’avait pas été... Stop. Lâche l’affaire.

— Au fait, que viens-tu faire à Montpellier ? me demande-t-il.

Je n’ai pas le temps de répondre. La voix de mon beau-frère résonne.

— Enfin, vous voilà !

Il s’approche. Il m’embrasse. Puis, il prend Thibault dans ses bras et lui donne une tape dans le dos.

Je suis perdue. Il fait quoi, là ? Je m’apprête à lui expliquer que Thibaut ne m’accompagne pas, quand je comprends soudain.

— C’est bon, alors, vous avez fait connaissance ?

Thibault est l’ami de Max ? Nous haussons tous les deux nos sourcils. Pas pour les mêmes raisons.

— Tu es la belle-sœur de Max ?

— Tu es son témoin ?

— Oui.

— Ah zut !

— Tu peux le dire !

Il se tait et me fixe.

— Tu ne m’as pas dit...

— Je te faisais marcher, ma belle.

— Tu es sérieux ?

Je me rends compte que le mec n’a pas cessé de me mentir. Mon visage se ferme. Il s’approche. Je le stoppe d’une main.

— Ne m’approche surtout pas.

— Je...

— Non, je ne veux rien entendre qui sorte de ta bouche.

— Max, dépose-moi à mon hôtel, s’il te plaît.

— Qu’est-ce qui se passe ?

Il ne comprend pas, évidemment.

— Il se passe que ton ami et moi étions côte à côte dans le TGV et qu’il m’a raconté que des bobards.

— Ah oui ? Du genre ?

— Il m’a fait croire qu’il allait voir son mec.

Max explose de rire. Moi je ne trouve pas ça drôle du tout. Mon égo en a pris un coup.

— Si je ne te plaisais pas, il suffisait de me le dire.

— Ce...

— Non, inutile.

— Thibault est très taquin, commence Max.

— Ne le défend pas, s’il te plaît.

Max se tait et lance un regard penaud à son pote. Nous voilà partis. Aucun de nous ne parle. Les deux hommes sont à l’avant. Moi je regarde le paysage pour ne pas avoir à l’affronter. Le week-end sera long.

Il me dépose enfin. L’atmosphère était pensante dans ce petit espace confiné. Thibault descend aussi.

— Moi aussi, je suis dans cet hôtel, me sort-il rapidement avant que je ne prononce un mot.

C’est bien ma veine !

— À ce soir, Max.

— À ce soir, Marie. A tout’ Thibault.

— Ouais, mec.

Il s’en va après avoir gratifié son ami d’une accolade.

Je me rue à la réception pour ne pas avoir à lui parler. Je récupère mes clés et m’en vais sans un regard pour le beau Thibault. Pourquoi avoir menti ? J’aurais mille fois préféré qu’il me dise honnêtement que je n’étais pas son genre. J’ai presque envie de pleurer.

J’envoie un SMS à ma sœur, qui est au boulot, pour lui dire que je suis bien arrivée et que je déteste Thibault. Que Max lui racontera.

Tu le détestes, hein ?

Je prends mon paquet de copie et commence à corriger. Autant trouver une activité plutôt que de cogiter.

Au bout de trois copies, une feuille pliée apparaît. Ça vient d’où, ça ? Je la déplie et lis.

« Je suis désolé de t’avoir fait marcher voire courir à certains moments. C’était un peu ma façon de me venger. Mouais, je sais c’est nul. Je suis un peu rancunier. J’espère que tu ne m’en veux pas trop ? Je suis bel et bien hétéro et célibataire. Max n’est que mon pote. Tu me plais vraiment. Si tu veux qu’on fasse plus ample connaissance voici mon numéro... »

Quelle belle calligraphie ! Il y a des petits dessins autour du texte. Un homme qui tient des fleurs et les offre à une femme. Puis, ils sont assis au restaurant, puis ils admirent un coucher de soleil. Quand est-ce qu’il a eu le temps de dessiner et d’écrire ce message ? Je ne l’ai quittée que quelques fois pour aller aux toilettes. Cet homme est extraordinaire. Hors de question que je passe à côté de ça. Je me sens subitement bête et gênée. Tant pis !

Je prends mon portable et compose son numéro. Je tente l’humour.

— Tu dois vraiment me trouver folle, non ?

— Un peu ouais, l’entends-je sourire. Pour autant, j’ai vraiment envie de faire plus ample connaissance avec toi. J’ai la certitude que les coïncidences ne mentent jamais. Qu’en penses-tu ?

— Pareil. Tu aimes jouer avec le feu !

— On peut dire ça comme ça. Je peux venir ?

— Je t’attends...

Deux minutes plus tard, je referme la porte derrière lui... Il m’enlace et m’embrasse avec fougue. Waouh, je suis en émoi. J’ai des papillons partout dans le corps. Un début de relation à la fois excitant et tumultueux, mais surtout prometteur. Enfin, l’avenir est clairement devant nous.

Fin...

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