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Romans de Lise Marcy
24 juillet 2019

Chloé Choose her destiny Rencontre en croisière choix 2

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Dire que je suis sur un des plus grand bateaux du monde. Que j’ai contribué à construire qui plus est. Je soupire. Mon frère râlerait s’il me voyait. Il n’est pas évident d’être ici et de se sentir privilégiée. J’ai horreur des fêtes guindées. Au lieu de me rendre au repas du capitaine, je décide d’aller manger au buffet. Il y a tellement de choix dans cet énorme espace que je trouve mon bonheur.

Je m’assoie non sans une certaine fierté au bar que j’ai dessiné. Les différentes teintes de couleurs rouge, orange et jaune sont juste sublimes dans cette atmosphère feutrée de ce début de soirée.

— Vous êtes bien pensives, m’interpelle une voix chaude et grave à la fois dans un anglais impeccable.

Je souris. Je lève la tête et découvre de beaux yeux noirs qui m’observent. Ce bel apollon noir me rappelle Denzel Washington jeune. Il est grand et a sans aucun doute un corps d’athlète sous son costume. Il dégage une assurance presque intimidante.

Je lui réponds.

— Disons que j’admire le travail effectué à partir de mon esprit.

— Waouh, vous voulez dire que ce merveilleux travail est issu du cerceau sous ce beau visage ? Vous êtes française, n’est-ce pas ?

— Oui.

— Votre anglais est de bonne qualité en tout cas ! me répond-il dans un français tout aussi parfait que son anglais quelques secondes plus tôt.

Il est sans doute français. J’enchaine donc dans notre langue.

— Êtes-vous en train de me draguer ?

— Je suis donc si transparent que cela ?

Je souris encore une fois de plus en plus intimidée.

— J’espère ne pas être trop entreprenant.

Que répondre à une telle question ?

— Au fait, je m’appelle Carter.

— Chloé.

— Enchanté Chloé. Ainsi, vous êtes l’architecte qui a conçu ce bateau ?

— Oh non. Simplement cet étage.

— Alors vous pouvez être fière de votre travail. On peut se tutoyer ?

— Bien sûr. Et vous, euhhh et toi Carter, dans quoi travailles-tu ?

Je préfère orienter la conversation sur lui. J’ai du mal à être le centre d’intérêt.

— Disons que j’ai une petite entreprise. J’avais besoin de me détendre alors j’en ai profité. Il y avait des promo pour la première de ce navire. Je n’ai pas hésité.

— Tu as bien fait. Tu es venu seul ?

— Envisages-tu de me draguer ?

Il explose de rire aussitôt. Ma gêne se transforme en un rire aussi communicatif que le sien.

— Si ta question est es-tu célibataire Carter ? Ma réponse est oui, Chloé. Je suis libre comme l’air. Non, tu rougis ?

— Très drôle ! Disons que tu as le chic pour me faire de l’effet.

— J’en suis ravi.

— Quelle âge as-tu Carter ?

— 33 ans et toi ?

— 26.

— Une jeunette.

— Ah ! Ah !

Nous discutons pendant des heures. Nous ne voyons pas le bar fermer tellement nous sommes pris par notre conversation.

J’en apprends pas mal sur lui. Je sais qu’il est français, mais qu’il a vécu une grande partie de sa vie aux Etats-Unis avec ses parents. Ceci explique cela.

Je finis par bailler malgré moi. Il regarde sa montre.

— Il est quatre heures. Je vais te laisser aller te reposer, Chloé. Je vais en faire de même.

— Bonne nuit, Carter.

— Bonne nuit, Chloé. Ça te dirait qu’on se rejoigne au petit déjeuner du 14eme vers 10h30 ?

— Avec plaisir.

Nous nous dirigeons dans nos chambres respectives. Je suis une membership. C’est agréable de se sentir VIP. Il va dans la même direction que moi et nous découvrons que nous sommes tous deux sur le même palier à quelques cabines près.

— Apparemment tu es un VIP ? lui dis-je sur le ton du reproche.

— J’ai voulu me faire plaisir, se contente-t-il.

— D’accord. Moi, en ce qui me concerne, tout est payé.

— C’est mérité.

— Merci.

Il me lance un sourire mutin et un baiser virtuel avec la main. Puis, il disparait dans sa cabine avant que je ne réagisse.

À 10h30, il est à l’entrée du restaurant.

— Tu es ponctuel !

— Oui, la ponctualité me tient à cœur, réagit-il. Je m’arrange toujours pour respecter mes horaires.

Au petit-déjeuner, plusieurs personnes chuchotent sur notre passage. Je dois me faire des films. Personne ne sait qui je suis.

Assis à notre table, nous oublions le monde autour.

— Les prochains jours, ça te dirait que l’on commande le petit-déjeuner et que nous le prenions sur nos balcons une fois sur deux ?

— Ah oui. Ce serait génial.

Je repense encore aux chuchotements. Ceci nous évitera cela. Sans doute ont-ils vu que nous étions VIP et cela leur déplait ? Le midi, nous déjeunons au yacht club.

— Je tiens à t’inviter !

— Il en est hors de question. Je suis entièrement prise en charge.

— D’accord. Comptes-tu sortir ?

— Oui.

— Ils te prennent en charge aussi ?

— Non.

— Alors, accompagne-moi.

— Pourquoi pas !

Après notre repas, nous partons en quête de Gênes. Je ne suis pas fan du lieu. Enfin, être avec Carter était merveilleux. Il m’a payé le bus touristique, à boire et une glace. Bref, il est aux petits soins pour moi. Il inspire tellement le respect que les gens agissent en conséquence avec lui. Je me sens protégée avec un homme aussi imposant.

En fin de journée, nous décidons d’aller nous baigner. Quand j’ôte ma serviette, son regard me flatte. J’y lis du désir.

Il soupire.

— Je suis loin d’être toutes ces stars de cinéma etc...

— Tu as de belles formes. Tu n’as rien à les envier.

Puis, nous prenons un cocktail.

Le soir arrivé, nous dînons et il me propose d’aller dans sa cabine. Je ne doute pas un seul instant de ce qui se passera. Je n’en doute même pas. Ce mec me plaît. C’est une histoire de vacances et je l’accepte. Tout étant clair dans ma tête, j’accepte. Son regard appuyé est sans équivoque.

— Oui, j’en suis certaine.

Il attrape ma main, un sourire qui en dit long sur les lèvres et m’entraîne à sa suite. Dans l’ascenseur, il glisse sa carte afin de nous bloquer l’ascenseur que pour nous. Il m’embrasse de ses lèvres douces. Une chaleur agréable s’étend dans tout mon être. Ses mains expertes glissent sur ma peau à peine vêtue.

Il se colle à moi. Lorsque nous arrivons à notre étage, il recule. Nous arrivons rapidement dans sa chambre. Il n’y a rien qui traîne. Je suis presque liquéfiée. Je n’ai pas le temps de reprendre mon souffle qu’il s’abat sur moi. Il me murmure.

— Sans regret ?

— Non, aucun.

Au petit matin, il dort. Sa respiration est calme. La douce tempête est passée. J’ai vécu une nuit exceptionnelle. Mon corps le désire ardemment. Il le réclame. Je me love contre lui. Il se réveille et lit mon désir dans mes yeux.

Lorsque je me lève, il a déjà commandé le petit-déjeuner. Je retrouve tout ce que j’aime.

— Quelle mémoire !

— C’est une compétence essentielle dans mon métier, répond-il avec sérieux.

— Je n’en doute pas. Combien d’employés as-tu ? Enfin si tu en as ?

— Quelques-uns.

— D’accord.

Je n’insiste pas. Lorsque l’on parle de son entreprise, il est toujours vague. Enfin, j’ai bien compris que parler de son boulot ne le bottait pas trop.

— Je suis en vacances.

— J’ai cru comprendre cela, en effet. Ce n’est pas vraiment mon cas.

— Ah bon ?

— Non. Je dois repérer les anomalies de l’étage que j’ai dessiné.

— D’accord. Et tu en as vues ?

— Quelques-unes. Je les ai déjà signalées.

Il est surpris.

— Quoi ? Tu pensais que j’étais une architecte bidon ou quoi ?

— Non. C’est juste que je ne t’ai pas laissé beaucoup de temps libre depuis notre rencontre.

— En effet. Celui dont j’ai disposé, m’a suffi.

— Super. Tu es impressionnante !

— Merci. C’est appréciable de rencontrer des personnes non avares de compliments.

— C’est ma méthode pour motiver mes troupes.

Je ne vois pas la semaine passer. Nous nous mêlons peu à la foule.

Je crois que j’ai un petit pincement au cœur. Demain, il s’en ira et nous ne nous reverrons probablement plus. Quand on a été chouchoutée comme moi, c’est dur de redescendre sur terre. Je crois même être amoureuse. Enfin, soyons réaliste ! Il sait tout de moi, j’en sais peu le concernant. Il a daigné me donner quelques bribes de sa vie, mais ce n’est rien. Si ça se trouve, il est marié. Il serait venu avec sa famille dans ce cas, non ?

Je vais aux toilettes en sortant de la piscine. J’ai bu tellement de cocktail que je n’aurai pas le temps d’arriver dans ma chambre. Deux femmes discutent. Elles me tournent le dos.

— Tu as vu la femme que le patron de nos hommes se paie ?

— Elle n’a rien à voir avec celles de d’habitude.

— C’est sûr.

Je ne sais pas de qui elles parlent. Mais elles ne semblent pas sympas.

— Passer de mannequins blondes aux yeux bleus à une noire, j’en suis choquée !

Quelque chose me pousse à continuer à écouter. On pourrait penser qu’elles parlent de moi...

— Enfin, demain, elle aura disparu.

— Tu crois qu’il lui a parlé de sa fortune ?

— Vu comment elle lui tourne autour, c’est certain. Elle est comme les autres.

Elles explosent de rire.

— Si j’étais plus jeune et célibataire, je ne suis pas certaine que j’aurais refusé les avances de Carter Beron.

Je suis abasourdie.

Carter, mon Carter ? Je dois faire du bruit car elles se retournent et m’observent, effrayées. Il n’y a aucun doute. Je comprends mieux toutes ces messes basses à notre passage. Quel menteur !

Je cours me réfugier dans ma cabine. Il doit m’attendre dans la sienne. Quel enfoiré de menteur !

Je prends mon portable et fais des recherches. Ce mec est multimillionnaire. Il a monté une start up en informatique qui marche super bien apparemment. Chaque année, il paye un voyage à ses 10 collaborateurs et à leurs familles. Il est généreux. Il a une équipe parfaite apparemment. Il soustraite tous les autres corps de métiers auquel il a affaire. Ainsi, il garde une entreprise pérenne avec peu d’employés.

Il frappe à ma porte. Il a un pass. Je l’avais oublié. Il entre. Je tente de ne pas me montrer blessée. Il alterne les yeux entre mon ordinateur allumé et moi. Son visage se ferme.

— Tu étais au courant ?

— Oui, mens-je histoire de me donner contenance.

Il ferme les yeux et passe ses mains sur ses tempes.

— Quoi ? Tu croyais que tu te foutais de ma gueule ? Et non, c’est bien l’inverse. Je n’ai pas dépensé un centime. En même temps, ce n’est rien pour toi, n’est-ce pas ?

Il ne répond pas. Son visage semble différent. Je ne sais pas ce qu’il exprime et je m’en fiche.

— J’ai juste une question ! Pourquoi moi ?

— J’avais envie de changement. En terme de physique c’était le cas, pour le reste apparemment, non !

Je n’ai pas trop compris. Mon cerveau est en surchauffe, je n’ai pas envie d’analyser.

Je comprends pourquoi il a toujours refusé les photos quand j’insistais.

— C’est pour ça que tu refusais qu’on nous prenne en photo.

— J’ai eu raison. Tu comptais les vendre chères, j’imagine. Je t’ai un peu court-circuité.

Ses paroles sont blessantes.

— Tu devrais aller préparer ton départ !

— En effet.

— À plus !

— Je ne crois pas, poursuit-il.

Sa voix est froide. Elle me glace le sang.

— Non, en effet.

Il s’en va sans plus un regard pour moi. Demain matin, il sera parti. Je rentre sous mes draps qui portent encore son odeur. Je suis si malheureuse. Les larmes se libèrent d’elles-même.

Dix jours sont passés, pourtant je ne m’en remets pas.

— Chloé, nous avons une belle proposition pour construire un siège pour une entreprise, me sort mon frère.

— Tu devrais t’en occuper. C’est toi le commercial.

— Le patron exige que ce soit toi !

— Pardon ?

— Oui.

Qui me connait pour me solliciter. Sans doute quelqu’un qui a eu vent de ma participation sur le projet du bateau Athéna.

— D’ailleurs, il est dans la salle de travail. Il t’attend.

Je suis intriguée. Je me dirige vers notre petite salle. Même si nous ne sommes que deux, nous l’avons conçue dans l’optique de nous agrandir un jour et de recruter des jeunes architectes comme nous. Je pénètre dans la pièce. Je reconnais cette odeur. Ce n’est pas possible. Même de dos, je repère son imposante stature. Il sent ma présence. Il se retourne. Son visage semble fatigué. Je déglutis, incapable de prononcer un mot. Que fait-il là ?

— Pourquoi m’as-tu menti ?

— Bonjour Carter. Je ne vois pas de quoi tu parles.

Autant garder ma dignité jusqu’au bout.

— Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que deux de mes collaborateurs m’ont appris hier soir la bourde de leur femme sur le bateau. Ils étaient mal. Elles regrettent terriblement et ils ont tenu à me l’apprendre.

— Ça change quoi ?

— Tout. Tu m’as fait croire que c’était mon argent qui t’intéressait.

— Et toi tu t’es foutu de moi. Nous sommes ex aequo, balle au centre.

— Je ne me suis pas foutu de toi. Je ne voulais pas tout gâcher. Je rencontrais une femme qui m’appréciait pour ce que j’étais ! En l’occurrence Carter et non pour mon portefeuille.

— Tu es si parano et imbu de ta personne que tu penses que toutes celles qui t’approchent en ont après ton argent !

— Toutes celles avec qui je sortais oui ! C’est justement cette différence qui m’a fait tomber amoureux de toi...

Je suis abasourdie.

— Pardon ?

— J’imagine que tu vas me dire que...

— Je t’aime aussi.

— C’était aussi facile que cela ?

— Je le crains, souris-je. Tu m’as tellement manqué !

— Et bien sûr, tu t’en fiches que je suis riche ?

— Embrasse-moi au lieu de raconter des âneries.

— Toi aussi, tu m’as manqué !

Je suis aux anges pendant quelques secondes jusqu’à ce que je me rappelle qu’il ne vit pas en région parisienne.

— Tu es à Lyon !

— Je compte monter une filiale ici et m’installer dans le coin.

— Ah oui, le projet que j’ai en main.

Je l’avais oublié.

— Tu es prête à me surprendre ?

— Et comment !

— On va chez toi ou à mon hôtel ?

— Tu as pris une chambre dans un 5 étoiles, j’imagine ?

— Euhhh ! Ben quoi ?

— C’est sûr, Airbnb tu ne connais pas toi, explosé-je de rire.

Je n’attends pas sa réponse.

— On va chez moi.

— Bonne réponse !

Il m’offre un clin d’œil et fond sur moi.

J’ai rencontré mon Richard Gere pourtant je m’en fiche de sa fortune. Seul l’homme m’importe. Homme de ma vie ou pas, je compte bien profiter du bonheur qu’il m’offre.

 

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Commentaires
Z
Super. Je ne sais pas si il y a un suite mais j'ai hâte 😊
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