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Romans de Lise Marcy
1 août 2019

Friendzone

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— Tu es encore en train de pleurer ?

Je lève la tête. Ma meilleure amie, Lucie, m’observe avec attention.

— Philip me manque.

— Si tu savais comme je le déteste.

Depuis que je suis avec lui, mes amis n’arrêtent pas de me consoler. Je l’aime tellement que je n’arrive pas à le quitter.

— Tu ne veux toujours pas m’en parler ?

— J’ai trop honte.

— Je suis ta meilleure amie. Tu ne devrais rien me cacher.

Je ne sais pas vraiment quoi faire. C’est ma meilleure amie, je devrais pouvoir me confier mais je n’y arrive pas. La gêne due à cette situation est affreuse. Elle semble déçue. Déçue que je ne lui fasse pas assez confiance pour partager mon secret avec elle.

— Philip a voulu que je lui fasse une gâterie !

Elle sourit.

— Et ?

Pour elle, les choses sont toujours simples.

— J’ai refusé bien sûr.

C’est bien, non ?

— Il m’a quittée. Je suis trop gamine pour lui.

— C’est un con ! Tu as eu raison. Il ne la méritait pas sa gâterie...

— Non, hoqueté-je...

— Tu ne dois surtout pas te forcer.

— Je n’en avais pas envie, non...

— Tant mieux. Ce type est un imbécile !

 

Une heure plus tard, me voilà allongée dans mon lit près de mon meilleur ami Luka.

— Tu ne devrais pas te rabaisser.

— Je l’aime.

— Oublie le ! Tu mérites tellement mieux.

Je me glisse sur le côté, un bras maintenant ma tête pour l’observer.

— Toi, tu as toutes les nanas que tu veux. C’est tellement facile. Je n’ai pas cette chance.

— Elles ne m’intéressent pas.

J’ai d’ailleurs toujours trouvé ça louche.

— Ah bon, pourquoi ? Parce qu’elles te courent toutes après ? Elles sont si belles !

— Selon quels critères de beauté ?

Je rougis.

— Bien le mien.

— Pas selon le mien.

— Je dois donc être bien laide à tes yeux ! Heureusement qu’on est amis et que je ne tenterai jamais rien avec toi.

Il soupire et me regarde bizarrement.

— Quoi ? J’ai dit une connerie ?

— Non. Je vais rentrer. En tout cas, pense à ce que je t’ai dit. Tu es trop bien pour ce connard !

 

Le lendemain matin, je retrouve Lucy en cours. Elle est si sérieuse ! J’ai envie de lui balancer une blague.

— Lucy, j’ai cédé.

Elle paraît déçue par moi.

— Vraiment ?

— Non. Je ne le pourrai pas. J’ai aussi pensé à Luka...

— Luka ?

Elle hausse un sourcil, surprise.

— Oui, il pense que je vaux mieux que lui.

— Il a raison.

Elle hésite. Puis continue.

— Tu sais, euhhh Luka...

— Oui ?

— Comment tu le trouves ?

— Bien, c’est notre pote quoi !

— Moi je te verrai bien avec lui.

Je souris. Elle plaisante ? Je n’ai aucune chance avec lui. Je ne peux même pas expliquer comment il est devenu mon ami.

Depuis nos 4 ans, nous sommes dans la même classe. Ça a dû aider...

Aujourd’hui en terminale, peu de choses ont changé. Il plait toujours autant et ne s’intéresse toujours pas vraiment aux filles.

— Tu crois qu’il est homo ? lui demandé-je.

Lucy manque de s’étouffer.

— Tu es aveugle ou quoi ?

— Ben quoi ?

Elle ouvre la bouche. Puis la referme aussitôt. Ces cachoteries m’énervent.

— En ce moment, je vous trouve tous les deux bizarres. Je ne comprends pas ce que vous essayez de me faire comprendre. Soyez clairs... Ça me saoule à la fin...

— Je n’ai rien à dire !

— Mouais.

Elle fait la moue. Inutile de continuer. Je n’aime pas être en colère contre mes amis.

— On va bouffer ? lui proposé-je.

— Oui. J’ai la dalle.

— Moi aussi.

— Attends, j’envoie un SMS à Luka pour voir s’il est libre.

— Pourquoi veux-tu qu’il nous rejoigne ? lui demandé-je.

— Parce que c’est notre pote !

— C’est tout ?

— Bien oui.

— Ok, finis-je.

 

Une demi-heure plus tard, Luka nous a rejoint. Nous allons à McDo et nous commandons des big mac. Lui et moi aimons la même chose. Notre menu est identique. Sprite, potatoes, Big Mac... Lucy est plus Macbacon, frites, Fanta. Ça en fait plus pour nous... Je prends aussi un Macflury daim caramel. Nous nous régalons.

Après le repas, Lucy s’en va aux toilettes, nous laissant seuls, Luka et moi. Philip se pointe devant nous.

— Tu n’as pas perdu de temps pour me remplacer à ce que je vois...

Je suis offusquée par son attitude.

— Tu plaisantes ? C’est toi qui m’as quittée, si je me rappelle.

Luka s’approche. Il passe un bras autour de mes épaules. Je m’empresse de le retirer.

Il semble en colère ou vexé, je ne sais pas trop. Moi, je suis gênée.

Philip sourit.

— Tu fais ça pour me rendre jaloux ?

Je ne réponds pas.

— Ça marche. Tu me manques, bébé.

Je suis sur un nuage.

— Ah !

— Tu veux qu’on aille au cinéma, là ?

Je tourne la tête vers mon meilleur pote. Il est obligé d’être compréhensif. Son regard est glacial. Il m’en veut ?

Il sait comme je suis amoureuse de Philip. Il ne peut pas me faire cela...

Il se lève, pose un billet et s’en va sans un mot. Je le regarde partir. Je ne sais pas quoi dire. Lucy revient à ce moment-là. Elle aperçoit Luka s’en aller. Elle m’observe et lui court après.

Philip soupire.

— On y va ?

— Oui, chuchoté-je.

Il attrape ma main et m’entraîne à sa suite. Je suis déçue par l’attitude de mes amis. Au cinéma, il n’y a pas grand monde. Je ne sais même pas quel film, on va voir. Philip n’est vraiment pas cool. Il m’a laissé payer ma place.

J’hallucine. Il s’en rend compte.

— Quoi ? Vous voulez la parité, il faut assumer.

Il se fout vraiment de moi.

Arrivés dans la salle. Elle est quasi vide. Nous nous installons et Philip me prend dans ses bras.

Je suis aux anges. Je savoure ce moment. Je suis tellement rêveuse que je suis incapable de dire de quoi le film parlait.

Il me raccompagne chez moi et me donne un baiser.

— Je peux entrer ?

— Mes parents sont là.

— On ira dans ta chambre.

Je ne doute pas de ce qu’il espère.

— Je suis épuisée.

— Déjà ? Tu n’as que 16 ans, il faut t’amuser un peu.

— Oui. On en reparle demain si tu veux ?

— Ok

 

Mes parents sont dans la cuisine. Je fonce directement dans ma chambre. Luka est allongé sur mon lit. Je souris.

— Fais comme chez toi, surtout !

— Tu n’es pas avec ton abruti ?

— Ne l’appelle pas ainsi. Il est trop génial. Et non. Il est rentré chez lui. Tu ne m’en veux plus ?

— Je ne peux pas t’en vouloir longtemps. Tu m’es trop précieuse contrairement à ce connard !

— Ah ! Ah !

— Un mec qui ne s’intéresse qu’à ta bouche, tu trouves ça sympa ?

Je sais à quoi il fait allusion. Je ne lui en ai pas parlé. Lucy ! La traîtresse !

— Si Lucy savait la fermer de temps en temps, cela m’arrangerait.

— Tu mérites mieux que lui !

— Ah oui, du genre qui ? Hein ? Parce que si tu ne l’as pas remarqué, les mecs ne se foulent pas pour sortir avec moi. Ce qui est normal, je ne suis pas terrible !

— Arrête de te dévaloriser !

— Tu es mon pote, tu ne vas pas me balancer que je suis laide. Si tu me croisais dans la rue sans me connaître, il est évident que tu ne te retournerais pas sur moi. Je ne sais même pas comment tu fais pour être mon pote ! Tu es canon, toi !

Il sourit.

— Cindy veut sortir avec moi !

— Comme toutes les filles de l’école.

— Toi aussi ?

Il a un air limite lubrique.

— Ah non ! Sauf Lucy et moi, bien sûr vu que nous sommes amis !

Pendant une fraction de secondes, j’ai l’impression qu’il est déçu. Je rêve. Je secoue la tête et change de sujet.

— Tu ne veux pas sortir avec elle ?

— Non.

— Pourquoi ? Elle est canonissime, comme toi. Vous iriez bien ensemble.

Je ne suis pas convaincue. Il est trop bien pour elle. Il est trop bien pour toutes les filles avec qui il sort en fait...

— Elle ne me plaît pas.

— Tu plaisantes ? Je serais curieuse de connaitre tes critères de beauté.

— Tu veux vraiment le savoir ?

Ses yeux pénètrent dans les miens.

— Non, je serai sans doute trop dégoutée, je ne veux pas savoir.

Déjà que mon estime de moi est au plus bas, ça va m’achever.

Il se redresse et plante à nouveau ses yeux dans les miens.

— Tu es une fille super.

— C’est ce que l’on dit aux moches pour ne pas les vexer.

— Arrête de te sous-estimer.

— Merci. Tu es un véritable ami.

Je l’embrasse sur la joue et le prends dans mes bras. Son cœur bat la chamade. Je le repousse.

— Ça va ?

— Très bien, pourquoi ?

— Je ne sais pas. Ton cœur bat si vite.

Il reste silencieux. Je ne comprends pas. Nos yeux se scrutent. J’avale ma salive.

— Vous descendez ?

La voix de ma mère rompt ce moment bizarre. Cela m’arrange.

— Viens ! lui proposé-je.

Il se redresse et me suit.

— Tu savais que j’étais rentrée, man ? demandé-je à ma mère.

— Oui. On a entendu la porte avec ton père.

— Ah ok.

— En fait, ta mère avait peur que vous fassiez des choses salaces dans ta chambre.

— Papa, hurlé-je d’un air dégoûtée.

— Ma chérie, c’est ton père. Tu sais qu’il s’inquiète pour rien.

— Vous n’avez pas à l’être. Nous sommes les meilleurs amis du monde. Rien de plus.

— C’est vrai, Luka ?

Mon père se tourne vers lui qui n’avait pas pipé mot depuis ma chambre.

— Oui, Monsieur.

— Ok.

— Et puis, Luka a les plus belles nanas du lycée qui lui tournent autour et il ne veut sortir avec aucune d’entre elles. Les filles, ce n’est pas son truc, conclue-je.

Luka qui buvait un verre de limonade servi par ma mère quelques secondes plus tôt, manque de s’étouffer.

— Je ne suis pas homo. Je ne m’intéresse simplement pas à tout ce qui bouge.

— Tu as raison de te concentrer sur celle qui te plaît. Elle finira par s’en rendre compte, lui sort mon père en lui tapant l’épaule.

Cette fois-ci, c’est moi qui manque m’étouffer.

— Tu t’intéresses à une fille et tu ne m’en as rien dit ?

Il regarde mon père comme s’il pouvait lui apporter de l’aide. C’est la première fois, que je le vois aussi troublé. Qui peut être cette fille ? Lucy ? C’est vrai qu’elle est jolie. Non, nous sommes amis, ce n’est pas possible.

— Tu sais ma chérie, les hommes ont parfois leur jardin secret.

— Oui, je t’en parlerai en temps voulu...

— Alors là, tu m’intrigues ! Elles te courent déjà toutes après. Pourquoi ne pas le lui en parler ?

Il sourit tristement.

— Elles ne me courent pas toutes après, tu exagères. Disons que je ne suis pas encore prêt.

— Ok. Je n’insiste pas.

 

Le lendemain Philip est de retour. Il insiste pour rentrer chez moi.

— Papa, Maman voici Philip.

— Bonjour Madame, Monsieur. Je suis son petit ami.

— Ah bon ? Elle ne nous a jamais parlé de toi, commence mon père sur la défensive.

— C’est assez récent papa.

— Rien de sérieux alors ! Poursuit-il.

J’ai du mal à le reconnaître.

— On va dans ta chambre ? me murmure Philip.

— Non ! Chuchoté-je. Ce n’est pas une bonne idée.

— Pourquoi ? On serait plus intimes.

Mon père et ma mère nous observent. Je suis gênée. Mon père ne semble pas l’apprécier.

Ma mère nous propose des cookies. On accepte. Nous restons dans le salon, ce qui ne plaît pas à Philip. Il finit par prendre congé.

— Tu sors vraiment avec ce type ?

— Papa, ça suffit !

— Je ne lui donne pas tort. Y’a un truc bizarre chez lui ! Rien à voir avec Luka.

— C’est mon ami d’enfance. Vous le connaissez depuis 1000 ans. Ce n’est pas comparable.

— Justement, moi je te verrai mieux avec lui.

— Je te le répète, c’est mon ami. Il n’y aura rien entre nous... Et puis même si j’en avais envie, vous savez qu’il a des vues sur une fille. Elle doit être trop belle ! Rien à voir avec moi !

— Tu en es certaine ?

— J’en mettrais ma main à couper !

Ils secouent la tête et s’en vont.

 

Ma relation avec Philip devient plus sérieuse. Je serai bientôt prête pour... Cela fait des jours que je n’ai pas de nouvelles de Luka. Il me manque.

Je lui envoie un SMS.

« Dis donc, tu te caches ? »

« Quoi, je te manque ? »

« Non. Je suis juste étonnée. Tu es toujours fourré chez moi d’habitude ! »

« En ce moment, j’ai besoin de me centrer sur moi-même. »

Je me demande quelle mouche l’a piqué.

Je sors de ma chambre. Je prends la direction de la cuisine afin de prévenir mes parents que je vais chez lui. Je surprends une conversation qui m’arrête avant que je n’entre dans la cuisine.

— Pourquoi elle s’est entichée de ce Philip ? râle ma mère.

— C’est à n’y rien comprendre. Elle a la chance d’avoir Luka.

— Luka est extra et elle ne se rend pas compte qu’il est fou d’elle !

J’encaisse leurs paroles.

Il est fou de moi ? Mais, ce n’est pas possible. Je quitte immédiatement la maison. Je suis encore abasourdie quand j’arrive chez lui. Il ouvre. Il m’observe sans un mot. Il glisse ses mains dans les poches.

— Tu joues les timides maintenant avec moi ? osé-je.

— Non. J’attends que tu me dises pourquoi tu es là.

— Je suis venue voir mon pote.

— Ok. Viens. On va dans ma chambre.

— D’acc.

Je le suis. Je ne sais pas comment commencer. Comment aborder la question. Et si mes parents se trompaient ? Et s’il ne m’aimait pas ? Inutile de perdre du temps. Autant aller droit au but.

— Est-ce que tu es amoureux de moi ?

Il baisse la tête.

— Alors, c’est vrai ?

Toujours silence.

— Qui t’a dit cela ?

— Je t’ai posé une question la première !

— Tu...

— Tu as la chance de pouvoir sortir avec n’importe qui et tu t’intéresses à moi ? La plus moche de toutes ! Je t’avoue que je ne comprends pas.

— Si tu te voyais comme je te vois, tu ne dirais pas ça.

Je rougis. Il est sérieux ?

— Comment cela se fait-il que je n’ai pas remarqué cela plus tôt ?

— Tu te dévalorises tellement.

— Pourquoi moi ?

— Parce que tu es la fille la plus formidable que je connaisse. Tu es tellement douce.

Quand t’en es-tu aperçu ?

— Depuis un bout de temps. J’en ai eu la certitude quand tu as commencé à sortir avec Philip. Je ne comprenais pas ce que tu faisais avec lui. Il ne te mérite pas. J’imagine que tu lui as...

— Stop ! Non. Je n’ai rien fait avec lui encore.

Il soupire soulagé.

— Comment conçois-tu notre avenir ? me demande-t-il.

Je m’assoie près de lui en silence.

 

Comment imaginez-vous la fin entre nos deux protagonistes ? Plutôt romantique ou dramatique ?

 

Dans la vie, nous ne voyons pas toujours ce qui nous saute aux yeux. Observez et ne ratez plus celui qui pourrait-être votre âme-sœur. Belles histoires à tous, chers lecteurs.

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